“Je ne crois pas en la magie telle qu’elle apparaît dans mes livres – le genre de magie où on lève une baguette et on lance un sort », dit J.K. Rowling, qui était à Boston pour commencer sa tournée de promotion de trois semaines.

« Mais je crois en la magie dans un sens figuré », ajoute-t-elle. « Par exemple, apprendre à lire est une sorte de magie qui survient dans la vie des enfants. Personne ne sait comment cela arrive – un jour un enfant tente de décoder des lettres et des sons, et la semaine suivante il ou elle lit et comprend des phrases. C’est une magie métaphorique. »

Pendant les deux dernières années, il a semblé y avoir une sorte de magie métaphorique tourbillonnant autour de l’auteur Joanne Rowling et des livres qu’elle a créés. Ses histoires à l’imagination vive sur les aventures de Harry Potter à l’école de sorcellerie de Poudlard sont un phénomène dans les livres pour enfants.

Ecrits pour les 8 à 12 ans, les livres de Rowling séduisent autant les enfants que les adultes.

Les chiffres de ventes prouvent que ses livres font désormais parti d’un nombre incalculable de vies. Scholastic Books, l’éditeur américain, se vante d’avoir vendu plus de 8,2 millions d’exemplaires.

Même Rowling, qui, cinq ans auparavant, tentait de gagner assez d’argent pour vivre avec sa fille, s’émerveille de la transformation théâtrale de sa vie.

« Je suis encore abasourdi d’être passé littéralement d’un auteur inconnu sans le sou à avoir mes livres en tête des ventes », dit-elle.

Trois livres sur les sept prévus sont disponibles dans les librairies. Les histoires regorgent des ingrédients qui font des contes captivants : des personnages bizarres et courageux, de la magie, de l’humour, des lieux étranges et excentriques, un mélange parfait de rêve et de réalité. Et, tissés partout dans l’histoire, se trouvent les thèmes ancestraux du bien et du mal.

Le Student NewsLine a invité les lecteurs à participer à une interview avec Rowling en envoyant des questions. Bien sûr, la totalité des 900 questions ne pouvaient pas être posées. A cause de la similarité de nombre d’entre elles, nous n’avons pas indiqué les noms des étudiants qui les ont posées. Ces questions posées à Rowling devraient donner aux fans un aperçu des personnages et de l’intrigue de Harry Potter.

Qu’est-ce qui a inspiré la série Harry Potter ?

« Je ne sais vraiment pas d’où cette idée est venue. Elle a traversé mon esprit quand j’étais dans un train en direction de Londres. Le personnage de Harry est venu entièrement formé, tout comme l’idée de ses amis, les personnages de Ron et Hermione. Ca a commencé avec Harry, puis tous ces personnages et ces évènements ont inondé ma tête. C’était une excitation que je n’avais jamais ressentie avant. Les personnages sont arrivés en 1990, mais il m’a fallu six ans pour écrire le livre. »

Comment le procédé de la rédaction fonctionne-t-il pour vous ?

« Puisque j’ai eu tous ces personnages assez tôt, et que je savais que je les connaissais intimement, j’ai concentré mes efforts à travailler chaque intrigue. J’aime vraiment les intrigues bien construites. En fait, l’intrigue est une structure tellement importante pour moi quand j’écris, qu’avant de finir le premier livre, j’avais prévu l’intrigue des sept livres sur Harry. »

Comment arrivez-vous à insérer tant de détails dans une histoire et à la maintenir intéressante ?

« Si j’ai travaillé dur sur l’intrigue et qu’elle est bien construite et avance à une bonne allure, alors j’ai la liberté d’insérer des choses amusantes et je peux broder des détails à l’intérieur de l’intrigue où ils créent l’intérêt principal. »

Aimiez-vous écrire des histoires quand vous étiez enfant ?

« Oui. J’ai écrit ma première histoire à l’âge de 6 ans. Depuis ce temps, tout ce que j’ai toujours voulu faire, c’est écrivain. Cette première histoire parlait d’un lapin appelé Lapin. Il avait la rougeole et tous ses amis venaient lui rendre visite. Croyez-moi, personne ne voudra jamais acheter les droits de film pour cette histoire, mais j’en étais très fière. »

Comment avez-vous inventé le jeu du Quidditch ?

« En fait, si vous y réfléchissez, il y a beaucoup de logique dans ce jeu. Comme commencement, il y avait ces sorciers qui avaient vécu à Poudlard depuis des centaines et des centaines d’années plongés dans une société parallèle à celle des humains. Le football ou le basket-ball ou tout autre sport contemporain aurait rendu les sorciers trop visibles quand ils se réunissaient pour le regarder. Et puis, de nombreux jeux actuels n’ont pas des centaines d’années d’existence, donc ils ne pouvaient pas être utilisés dans ce contexte. Je voulais donner à Poudlard son propre sport. Je voulais qu’il soit aussi dangereux et amusant que possible. Et les joueurs devaient voler. Donc, j’ai créé les règles et je les connais très bien. J’ai inventé le nom du jeu, aussi, car j’aimais la sonorité de ce mot. »

Quel conseil donneriez-vous à des enfants qui veulent devenir écrivains quand ils grandiront ?

« Je sais que ça fait très professeur, mais souvenez-vous, j’étais un professeur avant que je ne commence les livres. Voici ce qui marche pour moi : Premièrement vous devez lire, puis passer à la pratique, et toujours organiser. Lisez autant que vous pouvez, car cela vous apprend ce qu’est une bonne écriture. Puis, quand vous écrivez, vous imiterez vos écrivains préférés, mais c’est normal, c’est une étape du processus. Vous trouverez votre propre voix et votre propre style. Ecrire, c’est comme apprendre un instrument. Quand vous apprenez à jouer de la guitare, vous vous attendez à faire des fausses notes. Et quand vous écrivez, vous écrivez des choses sans valeur avant de trouver votre rythme. Je sais que ça parait terriblement ennuyeux, mais c’est bien plus productif de commencer par prévoir exactement où vous voulez aller quand vous écrivez quelque chose. »

Où avez-vous trouvé l’idée du Choixpeau Magique ?

« C’était assez difficile. D’abord, j’ai pensé aux différentes façons dont nous trions les choses. Sortir un nom d’un chapeau a été ce qui me venait toujours à l’esprit. Donc j’ai déformé cette idée et j’ai inventé un chapeau parlant qui pourrait prendre des décisions. Il y a plus de choses à savoir au sujet du Choixpeau Magique que ce que vous avez lu dans les trois premiers livres. Les lecteurs découvriront ce que devient le Choixpeau Magique au fur et à mesure qu’ils avanceront dans leur lecture. »

Quelle est la chose que vous désirez le plus de la part de vos lecteurs ?

« Ce qui rend une lecture unique est une expérience très privée. Mes lecteurs doivent travailler avec moi pour créer l’expérience. Ils doivent apporter leur imagination à l’histoire. Personne ne voit un livre de la même manière, personne ne voit les personnages de la même manière. En tant que lecteur vous les imaginez dans votre propre esprit. Donc ensemble, auteur et lecteur, nous devons créer l’histoire. Lire, ce n’est pas comme regarder un film ou la télévision, car nous voyons les mêmes images et c’est une expérience très passive. Lire, c’est une expérience active car vous y amenez votre imagination. Quand vous faites cela, le lecteur et l’auteur ont une sorte de conversation. Dans une bonne histoire, le lecteur est très réceptif de ce qu’il y a dans l’esprit de l’auteur. C’est ce qui rend la lecture magique. »

Comment avez-vous inventé tous ces noms de personnes, de nourriture, de sorts, de jeux et d’animaux ?

« Certains de ces noms sont inventés, mais j’ai aussi repris des noms et des mots inhabituels et je les ai utilisés là où ils convenaient. Par exemple, Malfoy et Voldemort sont des noms inventés. Dumbledore, d’un autre côté, est un vieux mot anglais signifiant bumblebee [ndlt :bourdon en français]. Hagrid, qui par ailleurs est un de mes personnages préférés, vient aussi d’un vieux mot anglais – hagridden – qui signifie avoir une nuit cauchemardesque. J’ai pris des noms de lieux, aussi. Dursley est un lieu en Grande-Bretagne, tout comme Snape [ndlt : Rogue en français] . Hedwig [ndlt : Hedwige en français] était une sainte. Le mot désignant les personnes non-magiques, muggle [ndlt : moldus en français], est une déformation du mot anglais mug, qui signifie trompé facilement. J’ai créé « muggles » car ça avait une douce sonorité. Les sorciers bons et convenables aiment beaucoup les moldus et les traitent avec bienveillance. »

Quand vous écrivez, est-ce qu’il vous arrive de rater et de devoir recommencer ?

« Je rate tout le temps. En fait, il y a un chapitre dans le livre que j’écris qui me donne beaucoup de soucis. Et maintenant j’en suis à huit versions différentes de ce chapitre. C’est un chapitre très important, qui sert de pivot. Je n’arrive pas à faire en sorte qu’il sonne bien et c’est très frustrant. »

Savez-vous à quoi ressemblent les parents de Harry ?

« Oui. Je les ai même dessinés. Harry ressemble à son père et à sa mère. Mais il a les yeux de sa mère et c’est très important dans un des livres à venir. »

La magie dans les livres est-elle réelle ou l’avez-vous inventé ?

« J’ai effectué énormément de recherches à propos du folklore et de l’histoire de la magie. Pour ce qui est de la magie dans les livres, environ un tiers est basé sur des croyances populaires et environ deux tiers sont inventés. Les détraqueurs sont des créatures que j’ai inventées, mais les hippogriffes sont une ancienne croyance populaire. Cela m’amuse de prendre des libertés vis-à-vis de la magie, mais personne ne pourrait vouloir prendre mes livres comme une référence. Je ne crois pas en la magie telle qu'elle est dépeinte dans les livres. »

Va-t-il y avoir un film Harry Potter ?

« Il va y avoir un film Harry Potter. Ca ne va pas être un dessin animé. La Warner Brothers fait le film et je les ai choisi car ils voulaient en faire un film avec de vrais acteurs. Je suis impatiente de voir comment sera le Quidditch. »

Pourquoi pensez-vous que vos livres sont si populaires ?

« Je pense qu’une raison pour laquelle les histoires de Harry attirent est qu’il doit accepter des fardeaux d’adultes dans sa vie, bien qu’il soit un enfant. C’est un héro traditionnel. Ce que je veux dire par là c’est qu’il a assez de fragilité humaine pour que des personnes de tout âge puissent s’identifier à lui, mais c’est également une personne respectable et admirable. Dans ses aventures, Harry ne peut progresser dans une aventure jusqu’à un certain point qu’en violant certaines règles. Son rôle particulier dans le groupe [des trois amis] est celui de la conscience. Il ira à l’encontre des règles uniquement s’il pense qu’il le fait pour une bonne cause. Mais il a fondamentalement le sens de l’honneur, et il apprend que les choix faits dévoilent plus la nature d’une personne que ses capacités. J’aimerais également penser que les lecteurs apprécient mes histoires car ce sont simplement de bonnes histoires. Ca m’a tellement amusé de les écrire, et j’espère que les enfants s’amusent autant à les lire. »

Interview traduit par Jessica.
Version originale en anglais disponible sur le site de Quick Quote Quill.

 

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