[Le journaliste fait un rapide résumé de l’histoire, et il demande à des enfants et des adultes leur opinion à propos des livres Harry Potter]


Nigel Ballard (voix off) : Pour préparer la publication de son histoire la plus récente, Harry Potter et la Coupe de Feu, plus de cinq millions d’exemplaires avaient été imprimés. Depuis le café d’Edinburgh où elle a achevé ses deux premiers romans, Joanne Rowling est peu disposée à analyser la cause de la popularité de ses livres.

JKR : On me demande souvent ce qu’est mon secret, comme si j’avais une sorte de formule, à laquelle les autres écrivains pour enfants n’ont pas accès ? Et c’est – c’est tout simplement faux, et je pense que je serai réellement ennuyée le jour où je commencerai à écrire selon un schéma, donc je n’essaie pas d’y penser. Je n’essaie pas de l’analyser. J’ai voulu écrire quelque chose que je savais que j’aimerais lire. J’avais vingt-cinq ans quand j’ai eu cette idée, et j’ai pensé que j’aimerais lire cela. J’avais vingt-cinq ans et je savais que j’aurais apprécié lire cela à douze ans.

NB (voix off) : Certaines critiques ont déclaré que le secret, c’est qu’elle sait ce qui se passe dans la tête des enfants.

JKR : Je trouve toujours que c’était de la condescendance – « Que veulent les enfants ? », comme s’ils étaient une espèce différente. Ils sont… ils sont identiques à nous, avec moins d’expérience. Donc je n’écris jamais pour un groupe imaginaire d’enfants de huit ans, j’écris entièrement pour moi. Mais je pense que j’ai des souvenirs très, très vivants de ce qu’on ressent, à l’âge de Harry. Par exemple, dans L’Ecole des Sorciers, il a onze ans – je me souviens très bien de ce que ça fait d’avoir onze ans, donc je n’ai aucune difficulté à… revenir à cette époque dans ma tête.

NB (voix off) : Le monde de Harry Potter, tout comme le monde réel, est violent, et les livres abordent des thèmes comme la mort, la haine, les préjugés et l’injustice. Les lecteurs de JK Rowling, jeunes et vieux, ne devraient pas s’attendre à une histoire fantastique romantique.

JKR : L’histoire est parfois violente, mais j’ai toujours senti, depuis L’Ecole des Sorciers, que j’ai – je savais ce qui allait venir, donc… j’ai rencontré des parents quand L’Ecole des Sorciers a été publié pour la première fois, et ils m’avaient dit, « Oh, mon fils de six ans les adore vraiment »… [respire profondément] je me dit, c’est bien, s’il les aime tellement, mais je sais ce qui va arriver ! [rie] et peut-être que… le sujet, je pense, n’est pas toujours approprié pour un enfant de six ans.

NB : Comment faites-vous pour empêcher un enfant de six ans de les lire ?

JKR : On ne peut pas. Et j’ai lu des choses, quand j’étais très jeune, qui m’ont perturbée. Heu, je ne pense pas que c’était une très mauvaise chose – je devais affronter ces choses à un certain moment, mes parents n’ont jamais censuré ce que je lisais. Donc, je ne dirais pas « Ne les lisez pas » à un enfant de six ans, je dirais simplement, « Attention, certains passages peuvent déranger ». Car je parle du mal, je – j’essaie d’examiner ce qui arrive à cette communauté quand un maniaque tente de prendre sous son contrôle, et… avec toutes ses ramifications, comme « qui sera attiré par ce côté ? », « qu’est-ce qui arrive aux gens qui combattent cela ? », et comment ils finissent eux-mêmes par être corrompus, ce qui est ce que vous recherchez, et la réalité sur le mal que représente le fait de prendre une vie, et de torturer, et de prendre le contrôle. Et si vous écrivez sur ce genre de chose, je pense que vous avez une obligation morale de montrer ce que ça implique, et de ne pas l’enjoliver ou le minimiser.

NB (voix off) : Harry entre dans le monde complexe des sorciers à l’âge de onze ans, un monde qui a été planifié dans chaque détail par l’auteur. C’est un endroit où les boutiques de sorciers et les banques existent, invisibles, le long de celles du monde de tous les jours, et à la gare King Cross de Londres, ils ont même leur propre quai.

JKR : des tonnes de détails existent dans ma tête, et le lecteur n’a pas besoin de les connaître, mais je dois les savoir, simplement pour ma propre satisfaction, et aussi… parce qu’on se retrouve constamment avec des intrigues où on a besoin de retravailler la logistique de certaines choses – quelle est la loi établie par le gouvernement sorcier, pour, par exemple… heu, donc j’ai travaillé sur toutes ces sortes de lois très tôt. Mais pour moi, le plus important, dans la création d’un monde fantastique, c’était de fixer les limites. C’était bien plus important de décider de ce qu’ils ne pouvaient pas faire, plutôt que ce qu’ils pouvaient faire. Une fois que vous avez fait cela, vous tenez la logique sous-jacente de ce monde… mais… inévitablement, il y a des moments où, arrivé à un stade de mon intrigue, je pense, Ah ! Je n’ai pas mis au point cela, donc je dois le faire, et ça peut prendre des heures ou des jours de travail pour fixer avec exactitude la façon dont une certaine chose va fonctionner dans ce monde, et une fois cela fait, vous pouvez revenir à l’écriture, et cela peut vous permettre d’écrire à peine deux phrases dans le roman, mais c’est, pour moi c’est la structure du monde, sa logique, et c’est ce qui le rend plausible.

NB (voix off) : Ce que beaucoup de gens ont dit à propos des livres Harry Potter et ont confirmé par les chiffres impressionnants des ventes, c’est qu’à l’âge des jeux vidéos et d’ordinateur, les enfants ont recommencé à lire.

JKR : J’ai rencontré deux libraires qui m’ont dit que les enfants viennent chez eux et flânent dans les rayons de la fantaisie car ils veulent quelque chose comme Harry… et bien… c’est bien, qu’ils lisent d’autres livres, mais vous savez, j’aimerais penser qu’à un moment ils vont réaliser qu’on entre dans un monde différent, quelque soit le genre de livre qu’on lit, que ce soit de la fantaisie ou… vous savez, par exemple, un conte réaliste, graveleux, de dealers dans des logements sociaux, c’est toujours un monde différent. Donc j’espère qu’ils franchiront ce cap, vraiment.

NB (voix off) : La vie de Joanne Rowling a commencé dans l’ouest de l’Angleterre, où elle est née dans le Cottage Hospital de Yate (sp ?) près de Chipping Sodbury en 1965. A l’âge de neuf ans, avec ses parents et sa sœur Diane, elle a déménagé pour l’ouest de Gloucestershire. Sa famille s’est installé dans le village de Tutshill au bord de la forêt de Dean, dans le Wye Valley, en face de l’ancienne ville frontalière de Chepstowe.

JKR : Pour moi, la partie la plus belle de la Grande Bretagne, car je pense que, vous savez, on fait des associations avec une certaine partie, n’est-ce pas, et… Wye Valley, pour moi, est la plus belle partie de la Grande Bretagne. C’est très dur pour moi de démêler ce qui est une source d’inspiration, de ce qui n’en est pas. En toute honnêteté, je pense que vous pourriez m’enfermer dans des toilettes avec une pile de journaux et je trouverais des idées, tout comme j’en aurais si j’étais assise dans le plus beau lieu du monde. Mais il n’y a pas grand-chose à dire de Chepstowe, aussi beau soit-il, et… [longue pause] je ne saurai jamais si j’aurais écrit la même chose si j’avais grandi à Birmingham, mais le… ma sœur et moi, nous avions l’habitude de flâner pendant des heures dans les champs, et de revenir pour le repas, et faire des jeux et tout ça, et peut-être que c’est plus stimulant que de rester dans un immeuble et de regarder la télé tous les jours.

NB (voix off) : A cette époque, pourtant, Joanne était déjà un écrivain. Elle a achevé son premier livre à l’âge de six ans.

JKR : Ce qui m’intéresse dans l’écriture, à propos de l’histoire, quand je l’ai eu fini, ça parlait d’un lapin qui s’appelait Lapin et qui avait la rougeole… ce qui m’intéresse, rétrospectivement, c’est que je l’ai illustré, je l’ai relié avec un bout de laine que j’ai enfilé dans les quatre pages, et je l’ai donné à ma mère, et ma mère m’a dit, « Oh, c’est fini – c’est beau », et je me rappelle avoir pensé, et bien, allons-y, alors, publions-le. Maintenant c’est bizarre, c’est effrayant, n’est-ce pas, qu’à l’âge de six ou sept ans, j’étais focalisée sur « il faut l’éditer, maman ! » je ne l’ai pas dit à ma mère, j’ai simplement dit quelque chose du genre, « Et bien, vas-y, alors, fais-en quelque chose ! ». Car c’était vraiment profondément enraciné en moi, cette volonté de faire cela, mais je n’avais pas suffisamment confiance pour en parler à quelqu’un. Je ne sais pas ce qui – il doit y avoir une part d’ego dans cela, il doit y en avoir, parce qu’on…qu’est-ce qui m’a donné le droit de croire que mes histoires sont plus intéressantes que celles des autres ? Je veux dire…mais c’est, je suis obligée d’écrire, et je le sais à cause de… après tout, pendant toutes ces années, je n’étais pas publiée et je ne gagnais pas d’argent, et j’écrivais tout de même autant que je le pouvais, presque continuellement. J’étais tout simplement obligée d’écrire des histoires.

NB (voix off) : Dans la première histoire Harry Potter, le jeune sorcier fait ses débuts dans sa nouvelle école, se fait de nouveaux amis, et après une courte période, il doit apprendre une grande quantité de choses. Des expériences que Joanne Rowling a vécu, à l’âge de onze ans, quand elle est entrée à Wyedean School.

JKR : Je me souviens… la peur… d’aller au collège – très effrayant, je pense, pour tout enfant. L’effort désespéré pour entrer dans un genre de groupe, de se lier à quelqu’un, n’importe qui, dans ce monde nouveau et effrayant, dans lequel il y avait des personnes très grandes et effrayantes. Je veux dire, pour la première fois, vous avez traversé les couloirs à côté de personnes de taille adulte, qui portaient également un uniforme de collégien, et ils semblent tellement plus réalistes que vous, et ils l’étaient certainement plus que moi. La rumeur dont Dudley parle à Harry, à propos de l’école où il devait aller, Stonewall High, est une rumeur que j’ai entendu a propos de Wyedean, avant que je n’y aille, comme quoi ils vous enfonçaient la tête dans les toilettes et tiraient la chasse d’eau. J’ai entendu des rumeurs pires que celle-là sur ce qui arrivait après. Aucune ne m’est jamais arrivée, mais entrer dans ce monde est effrayant.

NB (voix off) : La nouvelle école de Harry Potter, l’école de sorcellerie de Poudlard, est remplie de magie, même en dehors des leçons. C’est un pensionnat, qui se situe dans un endroit éloigné des îles britanniques. Tous les professeurs ont d’étranges pouvoirs, et peuvent exécuter des tours. Mais certains d’entre eux sont-ils inspirés par les anciens professeurs de Joanne ?

JKR : Oh, aucun… non. Je lis continuellement cela, que je baserais mes personnages sur des gens – je ne les ai jamais basé sur – j’ai eu des professeurs, plusieurs, qui malmenaient les élèves, et qui peuvent avoir contribué à la création de certains personnages, mais il serait totalement faux de dire que n’importe lequel de mes professeurs est devenu n’importe lequel des personnages. J’ai eu un professeur d’anglais, Miss Shepherd, dont j’étais folle… c’était un professeur merveilleux. Elle pourrait inconsciemment m’avoir influencé pour le professeur MacGonagall, par exemple, mais je n’ai jamais, jamais pensé Elle est le professeur MacGonagall. Jamais.

NB (voix off) : Et que pensent d’elle ses anciens professeurs de Wyedean ? Elle se souvient qu’elle était studieuse, et en première elle est devenue chef de classe. Mais y a-t-il quelqu’un qui a reconnu son talent d’écrivain ?

JKR : Je crois que certains d’entre eux pensaient que j’étais une petite morveuse parvenue, probablement à raison. [rit]. Euh… J’avais... L’anglais a toujours et de loin été ma matière préférée, donc pourquoi ai-je choisi le français, c’est un mystère. Je dirais que certains enseignants pensaient que j’avais des capacités, oui… cela variait beaucoup. En toute honnêteté, je pense que la qualité de l’enseignement de cette école était très inégale. Je… j’ai rencontré deux ou trois professeurs qui, à mon avis, représentaient le meilleur des écoles publiques, des gens qui accordaient le maximum d’effort aux élèves les plus brillants, qui s’adaptaient au niveau des groupes aux capacités moindres, qui essayaient de stimuler ceux qui venaient de milieux moins privilégiés, car c’était un endroit, une zone très mélangée, nous avions un grand quartier de logements sociaux juste au dehors de l’école, nous avions des enfants d’agriculteurs qui prenaient le bus scolaire, euh, des enfants de classe moyenne type comme moi, qui vivaient dans le village en haut de la rue. Donc… Je dirais que j’ai rencontré deux ou trois enseignants très engagés.

NB (voix off) : Après l’école, Joanne Rowling est allé à l’université d’Exeter et a étudié le français. Bien qu’elle écrivait toujours en secret, elle a été diplômée, et a fait un certain nombre de travail, à un moment elle a travaillé pour Amnesty International, pour rechercher les violations aux droits de l’Homme dans l’Afrique francophone. Puis elle est allée au Portugal pour enseigner l’anglais, elle a rencontré son mari, et une année plus tard, sa fille est née. Mais son mariage a échoué, et elle est rentrée à Edinburgh pour être près de sa sœur, Diane. Cette période de sa vie a été relatée comme la période la plus sombre par de nombreux journaux, mais Joanne fait vite remarquer que c’est une situation dans laquelle se retrouvent beaucoup de jeunes.

JKR : Quiconque qui a vécu une situation où il n’a absolument pas d’argent, pas de travail, j’étais dans la pauv – j’ai été prise dans le piège de la pauvreté. Bien sûr, j’avais des outils que beaucoup d’autres n’avaient pas, et je le savais : j’avais une éducation, j’avais un CV raisonnable ; il y avait des chances qu’à un certain moment je sorte de ce piège. Ce qui m’effrayait et qui m’effraie encore, c’était la difficulté que cela représentait, même avec mes avantages.
Les parents célibataires sont des gens qui font le travail de deux personnes, avec habituellement un troisième emploi rémunéré; ils fournissent un soutien de diverses natures à leur enfant, un soutien matériel, émotionnel, et souvent personne ne les soutient, eux. Je dois dire, pour ma part, que je n’ai jamais senti le stigmate d’être une mère célibataire parce que je n’ai jamais laissé quiconque me stigmatiser. Je n’aurais pas pu. J’étais, je me suis sentie vraiment fière de moi. Et en faisant complètement abstraction de Harry Potter, je suis toujours très fière d’avoir un enfant aimable, brillant et heureux. C’est, c’est la meilleure chose.

NB (voix off) : Mais Harry Potter existait déjà. Son histoire avait été imaginée durant un voyage particulièrement ennuyeux en train, et des valises contenant des centaines de pages étaient revenues du Portugal avec elle. Joanne avait toujours ce désir brûlant d’écrire, et avait déjà planifié une série de sept histoires de Harry Potter. La situation dans laquelle elle se trouvait désormais signifiait qu’il n’y avait plus qu’une seule chose à faire, donc avec sa fille endormie à ses côtés, elle a passé des jours à réécrire le premier livre Harry Potter dans un café.

JKR : Je pense que j’étais remplie d’incertitudes à propos de mon écriture. Je n’avais jamais été publiée, je n’avais jamais eu de choses comme une histoire courte publiée dans un magasine, j’avais des boites pleines de choses sur Harry, et une… vous savez… une boite assez grande remplie d’autre chose. Et je savais… je l’ai fini maintenant, j’étais… Quand allais-je trouver le temps de le finir ? J’étais pratiquement, j’étais sur le point de commencer des cours pour pouvoir enseigner en Grande Bretagne. On ne peut pas suivre des cours pour enseigner, puis enseigner, puis passer ses soirées à préparer les leçons et élever un enfant tout seul et écrire des romans. C’est humainement impossible, à moins de trouver un moyen pour n’avoir jamais besoin de dormir. Donc je savais qu’à moins que j’y arrive, vous savez, il se pourrait tout aussi bien que j’attende… Je pourrais probablement attendre vingt ans, jusqu’à ce que ma fille se soit lancée seule dans le monde, et alors peut-être que je pourrais revenir à cela. Mes projets avaient toujours été très ambitieux pour ces livres. Donc oui, vous avez raison, ça m’a fait démarrer. Et je veux dire… C’était une période difficile, j’étais déprimée à cette époque, mais je ne devais pas être si déprimée que ça, car j'avais toujours l'énergie pour le faire. Mais mentalement, c'est ce qui me permettait de continuer. Vous savez, rien que le fait d'écrire me donnait la force de continuer, parfois. Euh… Je veux dire que Harry Potter aurait été très important dans ma vie même si personne ne l’avait jamais publié, à cause de cette raison, parce qu’il m’a aidé à traverser une période très difficile. Pas du tout – les gens interprètent souvent mal ces paroles – pas parce que je pensais que j’allais me faire une fortune grâce à lui. J’étais très réaliste, je pensais qu’il y avait de grandes chances qu’il ne soit jamais publié ; mais parce qu’il représentait quelque chose dans lequel mon esprit pouvait s’investir.

NB (voix off) : Joanne met la suite de l’histoire sur le compte de la chance. Le second agent littéraire qu’elle a rencontré, alors qu’il allait distraitement déjeuner, a pris son manuscrit d’une grande pile, l’a lu, et l’a aimé. Un an plus tard, elle avait un éditeur, et de l’argent pour terminer le deuxième livre Harry Potter.

JKR : J’étais dans un déni total de l’ampleur de l’évènement. Récemment, il m’a été impossible de maintenir cette illusion, et j’ai ressenti par moments tout ce stress, j’ai ressenti le stress à certains moments de la rédaction du tome quatre. Mais dans la vie de tous les jours – je sais que ça sonne faux, mais dans la vie de tous les jours, je n’y pense pas beaucoup. Je ne le veux pas. Mais j’ai de la chance. Les racines, pour Harry, deviennent vraiment profondes, vous savez, j’écris sur Harry depuis facilement… je dirais bien huit ans avant que les choses ne prennent cette ampleur. Et si vous passez huit ans avec un certain nombre de personnages, à investir votre cœur, votre esprit et vos efforts dans quelque chose, vous savez, cela – je ne peux pas imaginer ce qui vous abattrait. J’ai été si profondément retranchée dans le travail, je, j’ai mis tellement de moi dedans, c’est toujours la chose la plus importante. Je ne vais pas – rien ne viendra le supplanter en terme de priorité, pour moi. Euh… ce qui est probablement une bonne chose, peut-être que s’il avait été un roman unique, j’aurais – en fait, j’en suis sûre, si ça avait été un roman unique qui avait provoqué cela, je pense que ça m’aurait paralysée pendant dix ans, car ça m’effrayait tellement. Mais j’avais prévu mon plan, et il était ce qu’il est, c’est une obsession. Je dois parvenir à la fin du tome sept.

NB (voix off) : Alors, presque comme un vainqueur de loterie, Joanne Rowling est devenue multi-millionnaire. Maintenant elle est l’une des femmes les mieux payées de Grande-Bretagne, ses bénéfices de l’année passée étant estimés à environ 20 millions de livres sterling.

JKR : Pour ce qui concerne le caractère inespéré de l’argent, oui, j’imaginerais parfois ressentir quelque chose d’assez similaire à ce que ressent un gagnant à la loterie. Quoique non, car je sais comment j’ai obtenu cet argent. Je me suis tuée au travail. [rie] Je ne me suis jamais attendue à gagner autant, mais tout de même, le Puritain en moi me fait penser qu’il est plus facile de faire face à cela si on sait comment on l’a gagné, vous voyez – vous voyez ce que je veux dire ? Que ce n’est pas dû au hasard. Enfin, d’une certaine façon ça me semble lié au hasard, quelquefois c’est vraiment le cas… mais, oui, je suppose que c’est écrit en moi. J’ai du sang écossais.

NB (voix off) : Avec l’argent et le succès, elle a reçu la célébrité. Ses nombreux fans veulent la rencontrer, de même que des journalistes comme Oprah Winfrey, en Amérique. Joanne dit qu’elle préfèrerait ne pas être célèbre, et qu’elle n’a pas le temps de poursuivre toutes les séances de tchat sans fin et des premières de films.

JKR : Je pourrais certainement mener une… une plus… comment dire ? Une vie plus attachée aux médias, et je dis cela uniquement parce que le mythe est né l’année dernière, quand un journal a affirmé que j’étais une recluse, un ermite, et ce n’est évidemment pas vrai, ou alors je ne serais pas ici entrain de donner un interview radio. C’est simplement ce… en fait, c’est à propos des limites, quand tout cela a commencé, j’ai dû décider… euh… jusqu’à quel point je voulais que cela entre dans ma vie, et plus important encore, dans la vie de ma fille. Car les gens… les gens oublient que, mis à part les personnes présentes, ce sont normalement les journalistes masculins qui semblent ahuris que je ne sois pas toujours en promotion – « Pourquoi rejetez-vous cela ? », « Oh, elle s’effondre, c’est une recluse » - je ne m’effondre pas, je ne suis pas recluse, mais je ne peux pas me cloner, c’est pourquoi je dis que ce sont les journalistes masculins, et laisser à la maison une maman pour élever ma fille, et en envoyer une autre sur la route pour faire la promotion des livres, et faire tous les interviews, je ne peux pas faire cela. Et je n’allais pas envoyer mon enfant à une nounou à plein temps, vous savez, une nounou 24 heures sur 24. Et c’est pourquoi je ne fais pas tout. Et aussi – et c’est presque aussi important – d’après eux, qui est en train d’écrire les livres à la maison ?

NB (voix off) : Le succès de Harry Potter signifie la sécurité financière, mais Joanne a également appris que cela peut être à double tranchant.

JKR : La chose la plus extravagante que j’ai faite a été d’aller dans une bijouterie et de montrer une bague que j’avais vue, avec… une pierre de belle taille, et de dire « Je la prends ». C’est la plus – c’était la chose la plus extravagante, car même si j’ai dépensé beaucoup d’argent pour d’autres choses, c’était vraiment une folie éhontée. Ce n’était pas quelque chose dont j’avais besoin, ce n’était pas quelque chose qui m’était particulièrement utile…

NB : La portez-vous aujourd’hui ?

JKR : Je ne la porte pas aujourd’hui, non. [rires] En fait, elle est si lourde que je ne peux pas écrire avec et j’ai travaillé ce matin, donc… Elle est aussi un peu grosse pour moi, elle glisse et m’empêche de taper sur le clavier, donc je mets cette bague uniquement lorsque je suis… vous savez… d’humeur glamour. Oui. Je l’aime bien, je l’aime bien, et je l’aime également pour ce qu’elle représente pour moi, comment après une très mauvaise journée, car j’avais passé une mauvaise semaine, quand je suis allée acheter cette bague. J’étais… vous savez, quand les gens commencent à fouiller dans vos poubelles, ce qui m’est littéralement arrivé, c’est horrible. Ca donne tellement l’impression d’une invasion, et je ne suis pas une politicienne, je ne suis pas une chanteuse de variété, je ne me suis jamais attendue à ce niveau d’intérêt pour ma vie privée, ça me semblait tellement envahissant. Et j’avais passé une très mauvaise journée, à penser, qu’ai-je fait pour mériter ça ? Qu’ai-je fait ?

NB (voix off) : Un journaliste de tabloïde avait traqué son ex-mari portugais, et, bien pire pour Joanne, avait publié des photos de leur fille.

JKR : Et ce jour, ce qui est très rare chez moi, je devais être exceptionnellement malade ou, exceptionnellement, euh, excédée au point de ne pas être capable d’écrire… et ce jour je ne pouvais pas écrire, je suis restée deux heures devant une page blanche. Et cela, pour moi, c’est, vous savez… les gens ont du mal à le comprendre, ou alors ça pourrait paraître prétentieux, mais j’ai toujours écrit. C’est quelque chose sur lequel j’ai très peu de contrôle, je le veux simplement, et ne pas être capable de le faire, c’est comme s’ils m’avaient privé de l’une des… de la chose la plus importante.

NB (voix off) : Et c’est comme cela que dans son tome le plus récent, la Coupe de Feu, apparaît un nouveau personnage : la journaliste assoiffée de scandales, Rita Skeeter.

JKR : Quand j’ai commencé à écrire Rita dans le tome quatre – et je précise dans le tome quatre car à l’origine Rita était dans le tome un, mais elle portait un nom différent. Et je voulais la faire apparaître au moment où Harry entre dans le Chaudron Baveur, elle se serait ruée vers lui pour lui demander un interview, et Hagrid l’aurait fait reculer, et… mais après j’ai décidé, c’est pendant l’intrigue des sept romans que j’ai su que la place appropriée de Rita Skeeter pour s’immiscer dans la vie de Harry était le tome quatre, car c’est un livre pivot dans lequel le poids de sa célébrité devient vraiment presque écrasant, car, pour la première fois, il ne peut pas être protégé par l’école, par Dumbledore etc. Le monde extérieur doit avoir un lien avec lui car il participe au Tournoi. Alors j’ai enlevé Rita du livre un et j’ai pensé, je vais la garder pour le tome quatre. Enfin… Qu’est-ce que je savais ? Je ne savais pas qu’au moment où j’introduisais Rita dans le tome quatre, la probabilité serait que quelqu’un dise « Ahah ! » (votre réponse). Je ne vais pas nier avoir probablement un peu plus apprécié écrire Rita que si je l’avais mise dans le tome un. Je vois, je trouve que Rita, Rita est aussi drôle à écrire que Gilderoy Lockhart dans le deuxième tome, et c’est comme – Gilderoy Lockhart était, euh, très pompeux, un homme centré sur lui-même et affreux qui est venu enseigner à l’école. Un égocentrique effronté, un menteur inlassable, et il était vraiment – il était immensément amusant à écrire, et je regrette d’avoir dû me débarrasser de lui à la fin du deuxième tome, car j’aimais vraiment l’écrire. Mais il était… je pense que c’était plutôt un personnage à une seule plaisanterie, et j’ai écrit tout ce qu’il pouvait apporter, et il n’y avait plus grand-chose à tirer de lui. Rita est aussi amusante à écrire que lui, et c’est un véritable compliment pour elle.

NB (voix off) : Pour Joanne, sa fille Jessica est sa première priorité. Elles ont maintenant une maison à Edinburgh, et elles essaient de continuer leur vie. Mais quand votre maman écrit les livres Harry Potter, comment gérez-vous le fait d’être la fille la plus célèbre de l’école ?

JKR : Elle a un caractère assez bagarreur, ma fille. Elle fait avec. Elle, euh… [soupire] Ca a été difficile pour elle quand elle est arrivée pour la première fois à l’école, parce que je ne l’avais pas préparée pour cela, car en toute honnêteté je ne… je ne savais pas vraiment que ça allait arriver. Euh… et c’est arrivé, et un énorme groupe d’enfants l’a entourée dans la cour pour tenter de lui soutirer des informations sur Harry Potter. Ca a été difficile pour elle et j’ai trouvé ça terrible. Terrible. Le fait que je… je pensais que je lui avais donné une croix trop lourde à porter pour sa scolarité. Euh… Mais elle était, elle s’en ait chargée et la nouveauté a passé. Il y a une limite au fait que les enfants viennent la voir dans la cour pour lui demander « Est-ce que ta maman écrit les livres Harry Potter ? » Une fois qu’elle a répondu oui, à tout le monde… eh bien, que peuvent-ils faire de plus ?

NB (voix off) : Le prochain gros rendez-vous sera les débuts de Harry Potter à Hollywood. La Warner Bros. a acheté les droits des livres, et un film basé sur la première histoire doit être dirigée par Christopher Columbus. Il a travaillé entre autres sur Mrs Doubtfire et les films Maman, j’ai raté l’avion, et Joanne Rowling a confiance sur le fait qu’il s’occupe de Harry Potter.

JKR : Cela décevra toutes sortes de journalistes de savoir que j’ai une immense confiance en lui. Euh… Est-ce que j’étais nerveuse ? Oui, je l’étais. Mais quand vous rencontrez quelqu’un qui a lu tous les livres Harry Potter à ses enfants, qui les connaît à fond, et qui est déterminé à vous donner un casting entièrement anglais, et qui est désireux d’entendre vos pensées, vous savez, sur ce à quoi certaines choses devraient ressembler, et… vous savez, cela vous désarme, je veux dire, quand j’ai rencontré Chris j’étais, cela m’a marqué, cette volonté de collaborer avec moi. Cela m’a conforté avec l’idée que j’étais en face d’un directeur qui était « ma vision, ma façon ». Et certains directeurs, qui étaient dans la course à un moment où à un autre, auraient probablement eu cette attitude, à mon avis, donc avoir quelqu’un – et avoir un directeur à succès d’Hollywood qui dit, « On doit avoir un casting entièrement anglais »… vous savez, certains journalistes ne voulaient pas entendre ça, car ça ne rempli pas autant les colonnes qu’un Harry Potter américain l’aurait fait, ou, vous savez, le projet de certaines stars américaines bien connues, et parce que ça ne s’est pas fait, on leur a volé leur jolie histoire négative. [rires]

NB (voix off) : Ce qui excite le plus Joanne, c’est la perspective d’être capable de voir la magie de ses livres recréée sur le grand écran.

JKR : Ce que je suis la plus impatiente de voir, sans l’ombre d’un doute, c’est le Quidditch. Le Quidditch est le sport sorcier sur des balais, avec quatre balles volantes. J’ai regardé le Quidditch dans ma tête pendant dix ans, et être capable de le voir, physiquement, avec tous les autres, dans un cinéma, je [rires] vous savez, je ne me soucie pas de ce que vous dites à ce propos, ça va être un frisson si énorme pour moi, le simple fait d’être capable de le voir. Car j’ai toujours voulu voir un sport de contact avec quatre balles, cela m’amuserait. [rires] j’étais la personne la moins sportive dans l’histoire de… eh bien, certainement à Wyedean school. J’ai réussi à me casser un bras en jouant au netball, donc le fait que j’ai inventé un sport alors que je n’étais… pas sportive, c’est ironique.

NB (voix off) : Avec chaque film à succès d’Hollywood vient le marketing. Cela signifie les jouets et les jeux que chaque enfant voudra, comme des capes Harry Potter, des posters, des disques et des vêtements. Avec le danger que la véritable histoire d’Harry Potter soit perdue parmi cette frénésie ; cela peut sembler étonnant, Joanne Rowling n’est pas aussi concernée.

JKR : Pour le moment je ne suis pas inquiète. Pour le moment j’ai… encore une fois, on m’a autorisée à faire entendre mon avis. Vous savez, ça ne veut pas dire qu’ils vont prendre en compte chacun de mes avis, mais la confiance repose, si vous voulez, sur le fait de savoir que j’ai été capable de m’asseoir dans un meeting et de dire ce avec quoi je ne me sentirais pas à l’aise. Mais ce n’est pas mon appel. Donc ce que j’ai fait, c’est de donner les droits d’adaptation à des gens en qui je crois sincèrement, et jusqu’ici ma confiance en eux me semble justifiée, je crois vraiment en une adaptation fidèle. Et le réalisme veut que, avec les effets spéciaux que cela implique, nous recherchions un grand studio – pour faire une adaptation fidèle il fallait prendre un grand studio donc il fallait l’argent pour le rendre fidèle. Euh… Donc tout ce que je peux dire à ce propos, c’est qu’on m’a autorisé à dire ce qui me rendrait heureuse, et que cela arrive ou non, ce n’est pas de mon ressort. Pour ce qui concerne les marchandises, c’est vraiment à double tranchant. Je rencontre continuellement des enfants – ou j’en ai rencontré, je pense que les marchandises sont déjà en vente dans les magasins de la Warner Bros. maintenant – mais j’ai toujours rencontré des enfants qui m’ont dit « Où pouvons-nous acheter…. ? » et je répond, « eh bien, vous ne pouvez pas l’acheter, c’est dans ma tête. » Donc… beaucoup d’enfants veulent ces choses. Mon souci… c’est… que Harry Potter, le nom Harry Potter, ne soit pas attaché à un tas de bric-à-brac sans valeur. Et pour le moment, je ne pense pas que ce soit le cas.

NB (voix off) : Ce qu’elle voudrait le plus voir dans les magasins, ce sont certaines des friandises fabuleuses que Harry découvre lors de son premier jour à l’école.

JKR : Les dragées magiques de Bertie Crochue sont des dragées qui comprennent littéralement tous les parfums, donc vous en avez au foie… aux tripes, à la marmelade, euh, chocolat… le vomit est mentionné, le cérumen aussi… ça serait hystérique s’ils le faisaient, j’adorerais ça. [rires]

NB (voix off) : Avec un casting britannique, le film devrait également être tourné principalement au Royaume-Uni. Des parties de la cathédrale de Gloucester devraient être utilisées comme décor pour l’école de Harry Potter, Poudlard, ce dont JK Rowling est ravie, ayant été élevée dans le comté, malgré les efforts de militants, qui disent qu’il est mal d’utiliser l’édifice pour une histoire de sorciers.

JKR : Ils ont absolument le droit d’exprimer leur point de vue, tout comme moi, et espérons que cela puisse continuer longtemps. Vous voyez, je crois en Dieu, mais cela semble simplement les faire enrager encore plus. Je dis cela car je pense qu’ils préfèreraient me voir comme une non-croyante invétérée. Je n’ai pas de fort sentiment d’une façon ou d’une autre, laissons-les protester, ils en ont absolument le droit. Je pense qu’ils se trompent profondément, mais l’ennui, c’est que [soupire] je ne pense pas qu’ils veulent réellement entendre ce que j’ai à dire, donc il n’y a aucun moyen, je présume, que nous puissions parler.

NB (voix off) : Après la sortie de son quatrième livre, et toute la publicité autour de lui, Joanne Rowling a décidé de ne pas s’en faire. Il y aura d’autres livres Harry Potter, mais elle ne donne pas encore de date de sortie.

JKR : Je prends un peu de repos pour le moment, comme vous le voyez, le tome quatre était énorme, et ça a été probablement le livre le plus problématique, euh, le livre le plus exigent à écrire, et bien que j’écrive, je n’écris pas de façon intensive ces temps-ci.

NB (voix off) : Mais il y a quelque chose qu’elle a juré de faire avant la sortie du prochain livre.

JKR : Il y a une chose que je peux promettre, je ne vais plus jamais tenter de garder le titre du livre secret. J’annoncerai les titres des livres à l’avance, nous ne referons jamais cela, c’était une situation très stressante. Je pense que mes éditeurs étaient enclin à ne pas lever l’embargo, mais ils ont mon appui sans réserve, pas d’un point de vue du marketing, mais parce que c’était le livre dans lequel apparaît un premier meurtre, et aussi à la fin du livre – du quatrième livre – quelque chose d’énorme concernant l’intrigue générale arrive, mais je ne veux pas en parler à la radio, évidemment, au cas où des personnes qui n’ont pas lu le livre, ou qui en sont seulement à la moitié… vous savez, je… j’ai passé dix ans, je veux dire la fin, la scène finale du quatrième tome, j’ai passé dix ans à écrire en vue de cette scène. Et les gens qui l’ont lue savent pourquoi elle est si significative, pourquoi elle est si importante. Je n’ai pas voulu que cela soit divulgué, car je savais que les enfants attendaient en retenant leur souffle ce livre, et je voulais, vraiment, je voulais que ce soit une expérience magique, qu’ils puissent prendre le livre et le lire, et qu’ils soient effrayés, et excités, et excédés à mesure qu’ils approchaient de cette fin. Euh… Etait-ce une stratégie de marketing ? Oui, je suis sûre que mes éditeurs étaient absolument ravis de la quantité de presse que cela a généré. Mon point de vue est que cela a été un stress immense, donc je préfèrerais que nous n’utilisions plus cette stratégie de marketing.

NB (voix off) : Avec la frénésie qui a entouré la sortie du dernier livre, et la critique selon laquelle son succès est surtout dû à une bonne stratégie de marketing, Joanne Rowling déclare qu’elle ne sera pas surprise si sa popularité commence à s’affaiblir.

JKR : Les Britanniques sont naïfs à ce sujet. Nous avons tous vu cela arriver à d’autres personnes pendant des années. J’ai été en fait soutenue par la répercussion massive du troisième livre ; ça n’est pas arrivé. Pour le tome quatre, je dirais, d’une certaine façon, c’est arrivé. La seule – la seule sorte de – je veux dire, si vous écrivez des livres, et certainement si vous écrivez des best-sellers, vous vous attendez à ce qu’ils soient commentés, et vous vous attendez à de mauvaises critiques. Il est évident que tout le monde ne va pas aimer votre œuvre, et ça ne m’inquiète pas. Vous savez, ce ne sont pas des choses qui me dérangent. L’aspect que je trouve moins plaisant, dans cette situation, ça serait de fouiller dans mes poubelles. Mais quand ont en vient à critiquer mes livres, ils sont les premiers. Vous savez, je ne peux pas me plaindre du fait qu’ils me critiquent. C’est la nature du jeu. On m’a dit que… On m'a accusée de niveler par le bas. Puis j’ai reçu des articles disant que les livres sont trop longs, et l’intrigue trop complexe pour la tranche d’âge, donc… Je ne peux pas gagner sur ce point. On m’a dit… on m’a dit le même jour, en face-à-face avec des journalistes, lors de ma dernière tournée de promotion, un journaliste britannique m’a dit, « vous êtes clairement de droite. ». J’ai répliqué, « Pouvez-vous me dire pourquoi vous dites cela ? » et il a répondu, « eh bien, vous êtes une Euro-sceptique. » J’ai dit, « pouvez-vous me dire pourquoi vous dites cela ? » car les deux déductions étaient complètement fausses. Et il m’a dit que dans le tome quatre j’avais fait une satyre de la bureaucratie et de l’Union Européenne, avec Percy, qui est un des sorciers du livre, qui rejoint le Département de la Coopération Magique Internationale, mais en fait il s’agit d’un personnage comique, vous voyez. Ca n’avait rien à voir avec le fait que je sois Euro-sceptique, et le journaliste n’avait visiblement pas lu le livre jusqu’à la fin, où le personnage le plus omniscient dit que les différences de langue et de coutumes ne sont rien si nos cœurs sont ouverts et nos pensées identiques. Mais c’est dans le chapitre final, et s’il l’avait lu, il aurait su que je ne pouvais pas être une Euro-sceptique. Le même jour, un journaliste américain m’a interviewé pour un programme de télévision, et m’a dit, « Vous êtes clairement de gauche. » Donc, je pense que les gens interprètent les livres comme cela arrive toujours, comme je le fais moi-même quand je lis un livre, en emportant mes propres pensées.

NB (voix off) : Joanne dit qu’une fois qu’elle aura écrit le tome sept, alors ce sera la fin de son histoire. Mais qu’en est-il d’autres livres ?

JKR : Vu d’ici, peut-être que je vais écrire quelque chose sur un obscur moine médiéval, ou quelque chose de complètement différent, je ne pourrais pas… Je n’écrirai plus quelque chose d’aussi populaire. Ce serait humainement impossible. Et je ne le regretterai pas complètement lorsque cela sera passé.



Interview traduit par Jessica.
Version originale en anglais disponible sur le site de Quick Quote Quill.

 

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